Archives Mensuelles: octobre 2006
Humour Bête
La porte s’ouvre et un immense rottweiler saute dans le taxi et vient me lécher la face. Il s’en donne à coeur joie et m’inonde l’oreille de bave. Il retourne derrière renifler la banquette, revient devant me lécher la main, retourne derrière se cogner le museau dans la vitre, revient devant me remettre un autre coup de langue et le temps que son maître prenne place, le clébard à eu le temps de sentir ce qu’il y avait à sentir et mentalement je me dis que j’ai bien fait d’avoir mis une paire de bobettes nettes avant de partir.
– Ça te dérange pas les chiens ?
– J’vais te dire, je préfère les chiens à certains clients que j’embarque quand les clubs se vident.
– Hahaha ! J’en doute pas !
– Par contre je ne détesterais pas que certaines clientes viennent me faire des mamours de même dins oreilles…
– Si la prochaine que t’embarque te fait ça, elle va trouver que tu goûte drôle.
– Ouain l’after-shave au milk-bone ça a pas trop la cote.
On était tout les deux ben crampés. Le chien a qui j’avais fait une craque dans vitre est revenu dans le taxi pour voir ce qui se passait avant de retourner prendre l’air. Le gars l’amenait avec lui au boulot pour faire plaisir à des patients du centre Saint-Charles-Borromée sur René-Lévesque. Institution qui a fait les manchettes il n’y a pas tellement longtemps. C’est là que certains préposés s’en prenait physiquement à des bénéficiaires.
– Hum… J’imagine que la zoothérapie, c’est un peu plus efficace qu’une claque en arrière de la tête…
– Pas de doute. Pis pour laver un bénéficiaire c’est dur à battre.
J’en ai presque mouillé mes bobettes. 😉
Taxi de Nuit
Dans ma DS ma vieille DS
Qu’est plus de la première jeunesse
Je commence vers les minuits
Jusqu’à sept heures sept heures et demie
Y’a une photo près du volant
Une vieille dame et un petit enfant
Y’a prière de ne pas fumer
De ne pas sortir du mauvais côté
Y’a une médaille de Saint Christophe
Pour éviter les catastrophes
Une carte postale de Tahiti
Un indicateur de Paris
C’est dans cette caisse que je gagne ma vie
On serre les fesses quand je conduis
Je fais le taxi de nuit
Je prends les gens qui rient qui pleurent
Qui défilent dans le rétroviseur
Les travelos qui perdent leurs bas
Les messieurs qui s’en vont au bois
Les noirs qui se marrent les femmes qui se barrent
Les gars qui boivent dans tous les bars
Je les surveille du coin de l’oeil
Pour pas qu’ils gerbent sur mes fauteuils
Je mets au lit tous les zombies
Ceux qui marchent seuls sous la pluie
Je fais le taxi de nuit
Un soir voilà qu’une fille un chassis
Belle comme un ange de paradis
Me donne une adresse à Neuilly
Et croise les genoux dans mon taxi
J’ai raté dix fois la première
J’ai même foutu la marche arrière
Quand dans le rétro elle a souri
J’ai mis en codes tout ébloui
Mon coeur fit un bruit de carrosserie
J’aurais même bouffé mon permis
Dans mon taxi de nuit
Vous qu’êtes comme une madonne madame
Pour moi y’a eu maldonne madame
J’ai glissé sur des peaux de banane
Toute ma vie sur le macadam
Y’a pas idée d’être aussi belle
C’est comme ça que la vie est cruelle
Ça fait mal à des vieux chiens comme moi
Qui se sentent encore plus seuls après ça
Est-ce qu’on vous l’a jamais dit
C’est pas bien d’être aussi jolie
Dans un taxi de nuit
Guy Marchand – 1982