L’arrivée du temps froid fait en sorte de raccourcir les nuits de travail. Quand les bars ferment les gens ont beaucoup moins tendance à flâner dehors et quand arrive quatre heures du mat ces temps-ci, les trottoirs sont désertés. Dans les rues, que des taxis espérant trouver un dernier client à raccompagner. Si vous vous promenez en ville à ces heures un peu bizarre, vous savez de quoi je parle. Vous n’avez qu’à pointer le ciel du doigt pour que trois véhicules arrivent en trombe près de vous. Le choix de l’embarras quoi… Dans ces fins de nuit quand je fais le tour des derniers endroits où se trouvent des clients potentiels et que je ne vois que des taxis avec des dômes allumés, c’est clair que ça signifie que l’heure d’aller parquer le véhicule a sonnée.
Je me dois de ramener le taxi pour cinq heures du mat. Bien sûr y’a rien qui m’empêche de le ramener à n’importe quelle heure mais comme je prends le métro pour revenir chez moi et que la première rame passe à 5h35 ça me laisse assez de temps pour faire autre chose. Si la nuit a été tranquille, je reviens à l’appartement me fais à souper, fais le tour rapidement des courriels qui s’accumulent et pars ensuite faire le plein avant de ramener le taxi à bon port. Je jase un peu avec le gérant et marche prendre mon métro. Par contre si ça a bien roulé et que la nuit a été plus lucrative que prévu, je vais directement porter le taxi et j’appelle un confrère pour entrer directement chez-moi. Ça me permet de transformer cette heure de voyage en une de repos.
À ce temps-ci de l’année une petite heure ici et là, c’est toujours ça de pris. N’est-ce pas? 😉
Ça me permet aussi de discuter avec des confrères dans un contexte hors compétition. Je compare ma vision du métier avec la leur, on jase de nos bonnes courses, des maudits chantiers, du prix du gaz, des permis, des horaires qu’on se tape, du temps qui fait. Souvent je m’intéresse à leurs origines, je leur pose des questions sur la politique de leur pays. Parfois je m’informe si ils ont des enfants, on jase de la vie en général quoi. On a beau être des concurrents sur la route, reste que nos vies sont pas mal parsemées des mêmes petite misères.
On a pas des vies ordinaires, nos jobs ne sont pas des plus faciles, on ne sait jamais sur qui on va tomber, par quoi on va se faire frapper. On ne vit pas dans l’opulence et les nuits sont toujours longues. Pourtant la plupart des ces chauffeurs qui me raccompagnent au petit matin me répètent bien souvent que malgré tout, cette vie de taxi, ils n’en changeraient pas. Ça me réconforte toujours d’entendre ça. Ça me fais réaliser que je ne suis pas complètement fou! Merci puis bonne fin de nuit monsieur le chauffeur…