À la fermeture des bars je fais monter ce jeune couple devant le Diable Vert sur Saint-Denis. La fétidité de leurs haleines m’en dit long sur leur taux d’alcoolémie. Mais n’eut été de leur beuverie respective, ils ne se seraient peut-être pas rencontrés. C’est mignon comme tout ces prémices à un « one night stand ». Les rires niaiseux, les gestes maladroits, les propos timides. Le gars n’a pas l’air vite vite et c’est la fille qui « call les shots ». C’est d’ailleurs vers son appart’ dans Rosemont que nous nous dirigeons. Je clanche et ne dis pas un mot. J’ai monté le son de la radio, sur CHOM y’a U2 avec One Love. Le timing est bon, la fille attire le mec vers elle et lui roule une pelle. Ça dure quelques minutes pendant lesquelles je me dis que j’aurais peut-être du leur proposer de la gomme… Dans mon rétro, ils n’ont pas l’air de s’en faire avec ça, les deux ont les yeux qui brillent et va savoir si cette soirée ne sera pas pour eux le début d’une belle histoire d’amour.
Sur la route du retour vers le bas de la ville j’arrête le taxi à côté d’un homme au bras levé. Une fois assis il me demande de patienter un instant, le temps que sa copine sorte du logement où ils ont passé la soirée. Après qu’elle ait pris place à ses côtés, je comprends rapidement qu’il y a un sacré froid entre les deux. Ils regardent chacun de leurs côtés et le silence glacial en dit long. La radio toujours à CHOM joue « Bad Company ’till the day I die… » Je rie dans ma barbe (des séries) et dans mon rétro ça pas l’air d’aller. Les deux ont des visages crispés et va savoir si cette soirée ne sera pas pour eux la fin d’une belle histoire d’amour.