Sortez-moi un pataquès !

Dans la nuit de samedi à dimanche je me rends à Pointe St-Charles, un appel sur la rue Centre. Dans ces circonstances j’essaie toujours de faire vite pour ne pas me faire voler mon voyage et comme de fait en arrivant à l’adresse en question, j’observe les clients monter dans le taxi d’une autre compagnie.
Je pourrais faire une scène mais ce serait une perte de temps inutile et frustrante pour tout le monde. Je suis sur le point d’appeler mon répartiteur pour avoir ce qu’on appelle dans le jargon un ‘ »no-load » ce qui signifie que je garde la priorité sur les prochains appels dans le secteur, quand je me souviens que sur le parcours j’ai croisé un petit groupe qui semblait vouloir un taxi.

– « Est-ce qu’on peut embarquer même si on est cinq ? »

En fait le nombre de personne qu’on peut faire monter est déterminé par le nombre de ceintures de sécurité. Mais bon, la course qu’on me propose en vaut le coup et je suis assez flexible si mes client le sont aussi en montant 4 derrière. Alors qu’ils s’exécutent, une mini-van de la police me croise et je stresse pendant deux secondes, le temps qu’elle continue son chemin. Je suis persuadé que mes passagers ne se sont pas rendu compte de son passage.

Je ne me souviens plus si j’ai eu le temps de sortir mon : « Est-ce que vous vous connaissez tous? » que je sors presque machinalement à chaque fois que j’ai 4 clients « pressés » derrière, mais je me souviens qu’une des passagères poursuivant une conversation déjà commencée a sorti le mot : pataquès…
Dans ma tête ça fait wow ! Je songe que ça va faire mauditement changement de mes clients qui me parle du temps qui fait. S’ensuit une conversation joyeusement animée sur les mots, la langue. Je suis ravi et décide de me taire pour les écouter. En fait je songe à un pataquès que je pourrais sortir mais ça ne me vient pas. À la radio y’a Bélanger qui chante « Sortez moi de moi », mes clients enchaînent « Sortez-moi de moi » je monte le son et la côte d’Université et y’a toujours pas de pataquès qui sort de moi.

Je les écoute parler de maudits piétons , de quel chemin prendre, de ligue de ballon-chasseur, de quelle belle soirée ils ont passé et la course s’est agréablement terminée par un charmant sourire de mon érudite cliente qui a pris un moment pour me remercier de les avoir pris les cinq. J’ai mis un « tout le plaisir était pour moi » dans mon sourire et j’ai fini ma nuit avec plein de clients qui m’ont parlé du temps qui fait.

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Cette nuit j’ai reçu le courriel d’une lectrice qui se demande si je ne serais pas ce chauffeur qui… On dirait que les hasards s’accumulent ces derniers temps. Si on n’était pas aujourd’hui je dirais que ça parle au diable ! 😉 Pis si vous vous demandez si j’ai trouvé un pataquès adéquat à me mettre en bouche, je vous répondrais : « Pas t’encore » 😉

21 réflexions sur “Sortez-moi un pataquès !

  1. Je me demande combien de fois je me suis contenté de parler du temps qu’il fait avec les chauffeurs de taxi… Non, vaut mieux pas, j’aurais sans doute honte. 🙂

  2. Si je comprend bien, chaque fois que j’embarque dans un taxi, je demande: pourriez vous m’emmener za la rue grosse couille (air célèbre des para français), j’ai un pataquès au feu.Si c’est toi, lève le pouce.

  3. Tu me fais mourir Pierre-LéonJe cherchais moi même un pataquès pour te répondre mais je me disais « C’est difficile à trouver hors contexte, sans avoir une phrase pleine à utiliser » et puis je lis ton « Pas t’encore ». Ooooookay – tu gagnes t’encore!Drôle en masse!Digit-Ized

  4. Ça me rapelle quelque chose, ça! J’ai travaillé dans l’hôtellerie…. J’envoyais des taxis à l’aéroport pour des clients qui me le demandaient et j’me suis fait engueuler au téléphone PAR la compagnie de taxi et PAR le client qui avait subi la crise entre les deux chauffeurs « live » parce que apparemment c’est une zone exclusive… Pour tout ceux qui m’ont demandé un transport de l’aéroport à l’hôtel par la suite, je les ai gentiment reféré à une compagnie de location de voiture…. 😉

  5. Si jamais une autre personne ignorant ce qu’est un pataquès passe ici (comme c’était mon cas) alors voici:Enfin, il arrive, par hypercorrection ou par euphonie, qu’on prononce une liaison là où il n’en existe pas (qu’elle soit orthographiquement possible mais interdite : et‿ainsi, ou qu’elle soit orthographiquement impossible : moi-z-avec). On nomme ce phénomène pataquès, pataqu’est-ce, ou encore liaison mal-t’à-propos, par auto-référence. Dans de rares cas, ces liaisons sont conservées par la langue et deviennent obligatoires (donnes-en, mange-t-il, cf. phonème éphelcystique). Sinon, elles sont ressenties comme des omissions de disjonction (locuteur peu cultivé, maladresse…). On nomme une telle erreur cuir quand la consonne ajoutée est un [t], velours pour l’ajout d’un [z] (les dictionnaires ne s’accordent que difficilement sur les définitions de ces termes) : * cuir : tu peux-t-avoir ; * velours : moi-z-aussi.

  6. aute de prononciation consistant à faire entendre une consonne qui n’existe pas ou qui ne doit pas être entendue. C’est la fameuse « liaison mal-t-a-propos ». Étymologie : le terme viendrait de la double faute (de liaison et de syntaxe) : je ne sais pas-t-à qui est-ce. Par extension, le terme désigne également un discours confus, inintelligible.

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