Songes d’une nuit d’hiver

Ambiance raffinée. Elle me caresse une main. Dans l’autre, une vodka épicée. Cool. Miles Davis distille son génie.
Des volutes musicales sortent d’un piano aqueux. Visions volatiles. Je plane. Réellement. Je quitte mon écorce charnelle pour m’imprégner de ces notes en suspension. Je me regarde assis à la table. Mes yeux sont fermés. Elle me masse délicatement le cou et les cheveux. Une trompette éthérée s’insinue. Le grand Miles sort de l’ombre, il va m’offrir le plus beau solo de sa vie. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Le voila dans le cercle de lumière… Pwouette! Pwac!! Quoi?? Pwâ! pwâ! pwâ! Pwâ! pwâ! pwâ! Pwâ! pwâ! pwâ! Pwâ! pwâ! pwâ! Quessé??

J’ouvre les yeux. Il fait noir, Pwâ! pwâ! pwâ! Pwâ! Dans la rue sous ma fenêtre une remorqueuse vient d’anéantir mon rêve.
Merde mon char!! Pwâ! pwâ! pwâ! je saute hors du lit enfile mes vêtements, j’cours vers la sortie, j’suis dans les vapes, où sont mes clefs? J’me réveille pour de bon et réalise que ça fait 5 ans que je l’ai vendu mon bazou… Pwâ! pwâ! pwâ!………… FUCK!!

Minuit et demi un towing aboie et la caravane passe. Impossible de refermer l’oeil, de retrouver la quintessence du jazz et la délicatesse de la douce. Je rage. Y’à pas à dire, Platon avait vachement raison quand il disait que l’essence précède l’existence. Un million par jour pour enlever cette neige de merde. Pour que demain plus de chars nous envahissent. Rouler l’économie à une piasse le litre.

Complètement gaga j’me suis mis « Ascenceur pour l’échafaud « , mais je n’entendais que le cortège de dix roues, de charrues, de souffleuses et autres chasses-neige de tout acabit qui déambulait coté rue. Éveillé j’ai rêvé d’une ville blanche jusqu’au printemps. J’ai rêvé d’une planète vidée de son or noir et de ses ordures. J’ai rêvé à la neige qui tombe lentement en silence. J’ai rêvé. Puis je me suis rendormi.

26 réflexions sur “Songes d’une nuit d’hiver

  1. Miles, Miles, Miles, … ya que toi qui a ce pouvoir quasi-surnaturel de faire jouer une trame de fond si propice aux rêves de bien-être. Merci M. Léon pour (encore une fois) ce délice matinal.

  2. Il faut se souvenir des villes désertes, tout à fait silencieuses et magnifiques lors du grand verglas. J’allais de villes en villes, quelle beauté, le contraire du bruit, le contraire de ce qui vous a dérangé.Accent Grave

  3. J’Le sais c’est quoi se faire réveiller par la remorqueuse pour déplacer son auto… ça réveille mal en mautadine pis tu te rendors pas après, te demandant si ton auto est bien stationner.

  4. Hehehe…A preuve que ca traumatise serieux c’est que t’avais oublie que t’avais pu ton char…est drole…ahahahaJ’ai mon entree maintenant…fini l’bad trip! :DCoup donc!…des bouchons?…t’as essaye? ;)Nofie

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